Vendre son entreprise du bâtiment en Suisse
Après quelques années passées à la tête de votre entreprise de construction, vous avez peut-être d’autres envies et songez à céder votre structure. Vendre son entreprise de bâtiment est, en effet, possible, mais plutôt complexe.
Pour réaliser une transaction réussie et légalement valide, il est important de suivre un processus bien spécifique qui inclut : l’évaluation de l’entreprise, la recherche d’acheteur, la négociation des termes de la vente, et bien plus encore.
Découvrez, à travers notre article, quelles sont les étapes à suivre pour y parvenir.
Pourquoi céder son entreprise de bâtiment ?
Il existe plusieurs raisons valables de vouloir céder son entreprise de bâtiment. Tout dépend des motivations de chacun, mais souvent, les mêmes arguments reviennent :
- Pour préparer sa retraite. Les entrepreneurs qui approchent de l’âge de la retraite peuvent souhaiter vendre leur entreprise pour en retirer les fruits de leur travail.
- Pour changer de vie. Certains entrepreneurs veulent changer de secteur d’activité, démarrer une nouvelle aventure entrepreneuriale ou simplement profiter d’une vie plus tranquille.
- Pour être moins fatigué et moins stressé. La gestion d’une entreprise de bâtiment peut être exigeante et stressante. Après des années de travail intensif, certains propriétaires cherchent à céder leur entreprise pour retrouver un meilleur équilibre de vie.
- Pour profiter des opportunités de marché. Parfois, des conditions de marché favorables, comme une forte demande pour des entreprises du secteur, peuvent inciter les professionnels à vendre pour obtenir un bon prix.
- Pour éviter les difficultés financières. Si l’entreprise rencontre des problèmes financiers ou de trésorerie, la vente peut être une solution pour éviter des situations plus graves, comme la faillite.
Vendre son entreprise du bâtiment : les étapes à suivre
1. Faire un bilan de ses motivations, objectifs et contraintes
La première étape à suivre si vous décidez de vendre votre entreprise du bâtiment est de faire un bilan :
- de vos motivations ;
- de vos objectifs ;
- de vos contraintes.
Ce travail préliminaire vous permettra de clarifier vos intentions (en matière de prix de vente, termes de la transaction, etc.), d’adapter votre stratégie de vente et de valoriser au mieux votre structure.
Pour ce faire, vous devez :
- Comprendre pourquoi vous souhaitez vendre votre entreprise (préparer votre retraite, être moins fatigué, changer de carrière, etc.).
- Définir vos objectifs (prix de vente souhaité, calendrier pour la vente, type de repreneur voulu, etc.).
- Cibler quelles sont vos contraintes financières, personnelles ou légales qui pourrait être un frein dans la vente.
2. Se renseigner les modes de transmission possible
En Suisse, la transmission d'une entreprise du bâtiment peut se réaliser de différentes manières. Chaque option a ses avantages et inconvénients et peut être plus ou moins adaptée en fonction des objectifs du vendeur et de la situation de l'entreprise. Voici un aperçu des principales possibilités :
- Le management buy-out (MBO) est le rachat de l'entreprise par des cadres faisant déjà partie de l'entreprise (hors du cercle familial). Le MBO assure la continuité dans la conduite des affaires, de la stratégie et du savoir-faire propre à l'entreprise.
- Le management buy-in (MBI) est le rachat de l'entreprise par un ou des managers externes à l'entreprise.
- La participation ou la reprise par un investisseur financier implique qu'un ou plusieurs investisseurs, qu'ils soient privés ou institutionnels, acquièrent une part minoritaire ou majoritaire de l'entreprise. Cette option est fréquemment choisie pour financer un MBO ou un MBI, ou pour préparer l'entreprise à une introduction en bourse (IPO).
- L’introduction en bourse (IPO) permet à l'entreprise de s'inscrire sur le marché boursier, ce qui lui donne accès au marché des capitaux, améliore sa liquidité et diversifie son actionnariat.
- La vente à une autre entreprise, souvent un concurrent dans le même secteur.
- La fusion avec une autre entreprise.
- La succession familiale, soit la transmission de l'entreprise à des membres de la famille.
3. Réaliser une évaluation de l’entreprise
Avant de commencer toute négociation pour la vente de votre entreprise, il est essentiel de fixer une fourchette de prix pour la vente. Autrement dit, vous devez déterminer le prix de vente minimal que vous, en tant que vendeur, êtes prêt à accepter et le prix d'achat maximal que l'acheteur est prêt à payer.
Cette évaluation repose sur trois facteurs principaux :
- la valeur objective de l'entreprise ;
- les éléments subjectifs qui peuvent influencer la vente ;
- la qualité des négociations.
La valeur objective de l'entreprise est déterminée de manière rationnelle par des acheteurs et des vendeurs bien informés, en tenant compte de toutes les informations pertinentes sur l'entreprise et son environnement.
Les éléments subjectifs incluent des facteurs personnels : le besoin de vendre rapidement, les sentiments du vendeur envers l'entreprise et le repreneur, etc. Ces éléments peuvent affecter la perception de la valeur de l'entreprise.
La qualité des négociations joue également un rôle important. Une bonne négociation peut optimiser le prix de vente, tandis qu'une négociation moins efficace peut conduire à un prix inférieur.
Globalement, la valeur de l'entreprise est principalement basée sur son rendement futur, c'est-à-dire les revenus futurs qu'elle générera. Pour la calculer, il est fréquent d’utiliser la méthode des flux de trésorerie actualisés (Discounted Cash Flow - DCF), qui calcule la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs. Cette méthode tient compte des prévisions de trésorerie et d'un taux d'actualisation.
En Suisse, les petites et moyennes entreprises (PME) sont souvent évaluées en utilisant une méthode dite "des praticiens". Cette méthode combine la valeur des actifs de l'entreprise (capitaux propres sans réserves latentes) avec la valeur des bénéfices futurs, en pondérant généralement les bénéfices futurs plus fortement.
Bon à savoir : D'autres méthodes d'évaluation existent et peuvent donner des résultats différents selon les prévisions de performance de l'entreprise et les taux d'actualisation utilisés. Souvent, il est plus réaliste de définir une fourchette de valeur, avec un minimum et un maximum, plutôt qu'un chiffre précis. Pour une évaluation précise, il est important de bien comprendre les engagements financiers de l'entreprise (y compris ceux qui ne figurent pas dans les bilans), son historique, ses produits, ses forces et faiblesses, son environnement de marché et ses perspectives d'avenir.
4. Rechercher et sélectionner un repreneur
À ce stade, vous pouvez commencer à chercher un remplaçant. Débuter en définissant son profil :
- Quelles compétences faut-il avoir ?
- Quelles doivent-être ses ressources financières ?
- Quelles doivent-être ses objectifs ?
Pour trouver des repreneurs potentiels, utilisez plusieurs canaux de recherche :
- Exploitez votre réseau professionnel.
- Informez vos proches de votre intention de vendre, ils peuvent connaître des personnes intéressées.
- Publiez des annonces sur ces plateformes spécialisées dans la vente d’entreprises. En Suisse, des sites comme Swissfirms, CapitalProximité, et Remicom permettent de publier des annonces en toute confidentialité et d'atteindre un large public d'acheteurs potentiels.
- Engagez des professionnels spécialisés dans les transactions d’entreprises pour vous aider à trouver des acheteurs qualifiés et à gérer le processus de vente.
- Faites appel à des banques. Ils peuvent vous aider à identifier des acheteurs potentiels grâce à leur réseau de clients et de contacts professionnels.
- N’écartez pas les employés actuels ou les partenaires qui connaissent déjà bien l’entreprise et pourraient être intéressés par sa reprise.
Après avoir identifié plusieurs candidats, évaluez-les. Puis entamez les négociations préliminaires jusqu’à trouver un accord.
5. Rédiger un contrat de transmission (ou acte de transmission)
Le contrat de transmission, ou acte de transmission, est un document qui formalise la vente de votre entreprise. Le contrat de transmission doit être rédigé au moins sous forme écrite. La langue du contrat peut être, le français, l'allemand ou l'anglais selon le repreneur.
En plus des éléments de base comme le prix, l'objet de la vente, les noms des parties impliquées et la date du contrat, il est important d'inclure certaines dispositions et clauses spécifiques. Ces clauses peuvent couvrir des aspects comme les garanties de passif, les modalités de paiement, et les obligations post-transmission telles que les restrictions de concurrence et les engagements de non-délocalisation.
Vendre une entreprise du bâtiment : tout ce que vous devez savoir
Quels sont les principaux pièges à éviter lors de la vente d’une entreprise de bâtiment ?
Premièrement, ne sous-estimez pas l’importance de préparer des documents financiers précis et complets, car cela peut entraîner une mauvaise évaluation de l’entreprise et réduire l’intérêt des acheteurs potentiels.
Deuxièmement, veillez à ne pas précipiter le processus de négociation ; prenez le temps de bien évaluer les offres et de vérifier la crédibilité et la capacité financière des repreneurs.
Troisièmement, négliger les aspects juridiques et fiscaux peut causer des complications postérieures à la vente. Assurez-vous de consulter des experts en droit des affaires et en fiscalité pour gérer ces aspects.
Enfin, il est important de communiquer de manière transparente avec toutes les parties prenantes, y compris les employés, pour éviter tout malentendu ou perte de confiance.
Quelle fiscalité lors de la transmission d’une entreprise ?
Lors de la transmission d'une entreprise, les conséquences fiscales peuvent être significatives pour l'entreprise, son propriétaire et le repreneur. La fiscalité applicable, en revanche, dépend du mode de transmission et du type de société dont il s’agit.
À titre d’exemple :
- Dans le cadre d’une transmission d’entreprises individuelles et de sociétés de personnes, les actifs transférés sont soumis à l'imposition des réserves latentes.
- Le gain réalisé est imposé comme revenu.